Après la chute du régime, nous, membres du collectif Al-Beyt, voulons ouvrir un espace de rencontres internationales et artistiques pour pouvoir prendre part à la reconstruction de la Syrie.

Moaoia, Laure et Kassem ont cofondé le collectif Al-Beyt en 2021 à Paris. Kassem et Moaoia sont arrivés en France en 2015 en tant qu’exilés politiques syriens. Tous les deux travaillent dans le secteur associatif et événementiel. Laure est française et travaille dans le milieu culturel et cinématographique. La création s’est faite autour d’un impératif double: culturel et solidaire. Avec d’autres allié·es de tous horizons, le collectif a pris forme et nous avons pu construire une communauté de soutien politique, active depuis quatre ans. Nos évènements proposent des discussions, concerts, projections, performances, expositions, repas, etc. Ces rencontres politiques et festives mettent en lumière l’identité syrienne tout en réunissant d’autres communautés en exil, pour partager leurs luttes et célébrer leurs cultures.

Pour étendre notre réseau, nous avons organisé des événements à Marseille, à Bâle et à Berlin. Nous avons l’objectif d’organiser des événements à Lyon, Vienne et à Bruxelles dans l’année prochaine. C’est aussi un but pour nous d’inviter de plus en plus d’artistes habitant la région à venir jouer, présenter leur film, etc, en Europe. Notre association a fonctionné depuis quatre ans avec une équipe 100% bénévole, sans aucun don ou subvention, uniquement avec les bénéfices de ses activités culturelles.

Nos évènements ont permis au collectif de réunir des fonds pour l’achat d’un terrain dans la région d’Idleb et la construction de neuf maisons, dans le but de reloger et de redonner une autonomie aux personnes ayant dû fuir les zones contrôlées par le régime Assad. Symboliquement, racheter la terre est aussi important pour nous, exilé·es. Une initiative indépendante et autonome, à notre échelle.

Reprendre l’espace

Après la chute du régime, en tant qu’exilés politiques ayant participé à la révolution syrienne de 2011 et subi la répression du régime de Bachar al-Assad, il est plus que nécessaire pour nous de retrouver une place dans cette nouvelle ère, aussi incertaine soit-elle.

Après plus de dix années loin de notre pays, il nous est enfin possible de retourner en Syrie. Nous devons nous saisir de cette opportunité pour créer un espace où s’exercent une pensée et une expression libre. Fort·es de notre expérience en France, il nous tient à cœur de créer un pont entre ici et là-bas. La réouverture de la Syrie au reste du monde, après des années d’isolement nous permet enfin de renforcer ces échanges transnationaux.

Pour que le pays se relève de plus de cinquante ans de dictature et de silence, nous proposons un projet qui contribuera au processus de stabilisation de cette société extrêmement fragilisée.

Un lieu créé par et pour les communautés civiles.

Notre priorité est de préserver notre indépendance de toute autorité politique ou religieuse. La situation restant instable en Syrie, il est primordial pour nous de construire cet espace autonome et sûr pour tou·tes. Les Syriens et Syriennes pourront alors s’en emparer librement pour y faire entendre leurs voix et y porter leurs initiatives. Depuis la chute du régime, la Syrie attire de nombreux investisseurs étrangers qui tirent parti de ses fragilités économiques pour servir leurs intérêts. Face à ces nouvelles ingérences, il nous faut agir vite afin de préserver notre patrimoine et notre indépendance.

Concrètement

Récemment, nous avons eu l’information par un ami journaliste franco-syrien qu’une maison traditionnelle damascène est en vente dans le centre historique de Damas. L’idée de l’acheter pour y ouvrir un centre culturel et social naît alors rapidement. En effet l’art et la culture sont nos outils de lutte et ce projet s’inscrit donc dans la continuité de notre travail actuel. Suite à des discussions avec le propriétaire, la maison en question nous est réservée à la vente jusqu’en avril 2026: nous avons 6 mois!

Nous voilà alors parti·es à fond dans cette course contre la montre pour réaliser ce grand rêve. Nous imaginons un lieu ouvert: projections de films, soirées de poésie, discussions, concerts acoustiques, expositions, ateliers, éducation populaire, formation aux médias... Avec une restauration solidaire proposée quotidiennement qui renforcera le lien social. L’objectif est de construire un espace ancré dans la société syrienne d’aujourd’hui, qui redonne place à la pensée critique, à la convivialité et à l’échange interculturel. Ce lieu proposera aussi des hébergements dans le cadre de résidences artistiques ainsi qu’un accueil pour les professionnel·les, journalistes et acteur/trices de la société civile qui viendront documenter ou participer à la reconstruction du pays.

Les activités qu’on aimerait y développer

• Café solidaire, petite restauration
• Événements culturels publics: discussions, poésie, projections de films, concerts acoustiques
• Ateliers de formation: informatique, médias, photographie, musique
• Résidences pour artistes syrien·nes et internationaux
• Accueil et hébergement pour personnes étrangères ou en déplacement ayant des projets en Syrie Sur le long terme:
• Salle de post production (montage et étalonnage)
• Studio d’enregistrement

En conclusion

Cette maison se situe au cœur de Damas, dans le quartier historique dont l’histoire remonte à plus de deux millénaires. Pour nous, fondateurs du collectif Al Beyt, originaires des provinces du Nord-est, (Ar-Raqqah et Deir ez-Zor), ces zones sont encore malheureusement inaccessibles. La situation en Syrie reste instable et se déplacer entre les provinces et les villes est difficile. Se positionner dans la capitale de la Syrie, là où on arrive depuis l’étranger, est donc d’une importance primordiale. La situation politique et sociale à Damas est plus stable et permettra de faciliter les déplacements et l’accueil des personnes venues d’en dehors du pays. Pour finir, pouvoir vous présenter et projeter ce futur lieu collectif est un véritable rêve pour nous, qui avons attendu la chute de al-Assad depuis tellement d’années. Maintenant, nous pouvons enfin regarder vers l’avenir: il reste tout à faire!

Il est temps de concrétiser nos espoirs déchus de la révolution qui renaissent aujourd’hui de leurs cendres.

Moaoia, Laure et Kassem, membres du collectif Al Beyt

Plus d’infos : Lien vers la cagnotte HelloAsso: https://www.helloasso.com/associations/collectif-al-beyt/collectes/ Pour toute question, idée, conseil: collectif.albeyt@gmail.com Instagram: @al_beyt_collectif